UMR8215 – Trajectoires. De la sédentarisation à l’État

Les trajectoires historiques des sociétés depuis le début de leur sédentarisation jusqu’à l’émergence des premiers États (VIIème-Ier millénaires av. J.-C.) constituent la thématique de recherche privilégiée du laboratoire.

Historique du laboratoire

C’est en 1971 qu’une chaire de Protohistoire européenne est créée à l’université de Paris I avec la venue de l’archéologue tchèque B. Soudský (1924-1976), en même temps que les premières fouilles dans la vallée de l’Aisne. En 1973, une Unité Propre du CNRS (UPR 7532-URA n°12 du CRA) est constituée et sera d’emblée interdisciplinaire et multi-institutionnelle. Gérard Bailloud la dirigera jusqu’à sa retraite en 1983. Les fouilles de la vallée de l’Aisne prennent dès 1974 la forme d’un programme régional de sauvetage, pionnier en son genre en France.

Dès 1980, les terrains se diversifient, aussi bien dans la moitié nord de la France qu’en Belgique, en Italie et dans les Balkans (Grèce, Bulgarie), et s’associent à des programmes ethno-archéologiques (Nouvelle-Guinée, Mali, Arizona, Mexique). En Bulgarie, la fouille du site néolithique de Kovačevo est ouverte de 1986 à 2007 et joue un rôle formateur de premier plan pour les étudiants.

Parallèlement l’équipe s’implique dans la politique de la recherche, en particulier dans la mise en place d’une véritable archéologie préventive en France, et intègre de nombreux jeunes chercheurs de l’Afan puis de l’Inrap. Ses membres sont également très actifs dans les instances de la recherche et dans les associations scientifiques françaises et européennes.

En 1998, l’UPR, sous forme d’une équipe, Protohistoire Européenne, intègre l’UMR 7041 (ArScAn), à la Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie de Nanterre.

Depuis 2012, l’équipe est réunie dans une nouvelle Unité Mixte de Recherche, l’UMR 8215-Trajectoires. De la sédentarisation à l’Etat, sous tutelle de l’Université Paris 1 et du CNRS (INSHS principal, INEE secondaire), et sous convention de partenariat scientifique avec l’INRAP.

L’UMR est toujours très impliquée dans le cursus complet qu’offre l’Université Paris 1 pour l’enseignement du Néolithique et des âges des Métaux.

 

Thématiques

Partant des dernières sociétés de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs (Mésolithique) en contact avec les premières sociétés d’agriculteurs éleveurs en cours de sédentarisation (Néolithique), pour s’arrêter à l’instauration des premières sociétés à État (Ages des Métaux), ce large champ chronologique appréhende les processus de mise en place d’une série de mutations qui vont façonner nos sociétés jusqu’à la Révolution industrielle, voire au-delà : spécialisation des activités économiques, appropriation des territoires, stratification sociale verticale et pérenne, contrôle des réseaux d’échanges et de distribution, migrations et colonisations.

Dès leur apparition, les sociétés agro-pastorales se sont engagées dans une profonde transformation du milieu (domestication, déforestation, exploitation des ressources), menant des premiers villages sédentaires à une organisation centralisée et la naissance des premières villes. Ces phénomènes s’accompagnent d’innovations techniques et de productions de plus en plus spécialisées (céramique, lithique, sel, métallurgie, verre, etc.) jusqu’à l’apparition d’un véritable artisanat.

La chronologie couverte comprend la fin du Mésolithique, le Néolithique, le Chalcolithique, l’Age du Bronze, l’Age du Fer, voire des explorations dans le XXème siècle.

La structuration progressive de ces sociétés est abordée selon trois grands thèmes :

– Économie et interactions entre sociétés et environnement : Y sont abordées les questions de l’exploitation et de la transformation des matières animales, végétales et minérales, des systèmes de production et des réseaux de circulation.

– Espaces, territorialité et mobilité : Ce thème appréhende espace privé/espace public, modélisation territoriale et développement des inégalités, enfin colonisations, migrations et dynamiques de peuplement.

– Temps, communication et identité : Le thème s’attache aux chronologies et évolutions culturelles, aux domaines du matériel vers l’immatériel, aux expressions identitaires et du genre.

 

Approches multiples

Ces trois thèmes reposent aussi sur le développement de nouveaux outils méthodologiques. L’analyse typologique classique des mobiliers archéologiques s’enrichit de traitements statistiques et mathématiques pour mieux cerner la complexité des cadres chronoculturels. Elle est associée aux approches technologiques et tracéologiques multimatériaux des séries lithiques, macrolithiques, céramiques et en matières dures animales. Ces approches sont fondées sur la constitution de référentiels expérimentaux et ethnoarchéologiques, essentiels pour interpréter les systèmes de production et de consommation.

La constitution de bases de données analytiques, associées à des SIG, facilite une lecture multiscalaire des dynamiques de peuplement et des systèmes de diffusion, et permet de proposer plusieurs scénarios (modélisation et simulation).

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Terrains

La zone d’étude s’étend de l’Europe à l’Asie, notamment le Bassin parisien, la Belgique, l’Allemagne, la Russie, les Balkans, la Moldavie, le Caucase, le Japon, et s’enrichit de terrains ethnoarchéologiques sur différents continents : en Océanie (Papouasie-Nouvelle-Guinée), en Amérique (Pueblos), en Afrique (Mali).
Les diagnostics et fouilles préventifs, opérés par l’Inrap et les Collectivités territoriales, ainsi que les fouilles programmées réalisées par les membres du laboratoire, concernent 8 régions françaises :
– Nord-Pas de Calais-Picardie
– Alsace-Champagne Ardenne-Lorraine
– Ile-de-France
– Normandie
– Centre-Val de Loire
– Pays de la Loire
– Bretagne

D’autres fouilles sont menées à l’Étranger, entre autres, soit à titre de direction, soit à titre de collaboration :
Bulgarie (dir. Kovačevo ; collaboration au PHC-Rila Littoral Mer Noire)
Roumanie (Dir. Tolici ; collaboration au delta du Danube)
République de Moldavie (Dir.)
Russie (collaboration au programme Zamostje, collaboration au programme Serteya)
Azerbaïdjan et Georgie (collaboration au ANR Kura, collaboration au LIA Gadacrili gora)


Cartes des terrains de fouille (en rouge) et d’étude de site (en bleu) 2017-2022

Des travaux en prise directe avec les questions du monde contemporain :
– d’ordre socio-politique et culturel, lorsqu’ils s’attachent à éclairer sous un autre jour l’histoire et la question de l’identité collective ;
– d’ordre économique, par un ancrage dans l’archéologie de terrain et plus particulièrement préventive, lorsqu’il s’agit de faire co-exister fouilles et aménagement du territoire aussi bien en matière de gouvernance que de recherche ;
– d’ordre culturel, par de nombreuses contributions à la diffusion des résultats de la recherche auprès du grand public ;
– d’ordre environnemental, lorsqu’il s’agit de modéliser, sur la longue durée, les interactions Homme-milieu et de construire plusieurs scénarios des gestions et impacts des premières déforestations ou des exploitations intensives de ressources naturelles.

Des travaux qui relèvent de la recherche fondamentale, avec l’élaboration et l’exploration de nouvelles connaissances, tout en développant l’interdisciplinarité.

Collecter, élaborer, analyser les données pour décrire et comprendre le comment, et dans la mesure du possible le pourquoi, des grandes évolutions observées à l’échelle de l’histoire : apparition de l’agriculture, sédentarisation, hiérarchisation sociale, mobilités, colonisations, émergence des principautés et des royaumes.

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