Le projet européen RurLand (2014-2017) a pour objectif l’étude de l’Espace rural dans la Gaule du Nord et de l’Est depuis le début de La Tène D1 jusqu’à la fin du 5e s. de n.-e. Centré sur la période romaine, il se propose d’examiner, dans la longue durée, l’évolution du monde rural avec ses antécédents protohistoriques et ses mutations de l’Antiquité tardive. L’hypothèse initiale est que l’incorporation dans l’Empire romain des régions qui composent l’Est des Gaules, loin d’avoir eu pour conséquence une homogénéisation de leurs conditions économiques et sociales, a accentué et accéléré des processus de différenciations spatiales déjà perceptibles avant la Conquête. De nombreuses régions (le couloir Rhône-Saône-Moselle et les régions frontalières, par exemple) ont pleinement profité des apports de Rome (aménagement du territoire, retombées économiques de la présence de l’administration et des militaires) pour engager ou poursuivre à un rythme soutenu un développement économique qui peut prendre toutefois des formes différentes selon les territoires. Mais il importe tout autant de comprendre pourquoi d’autres secteurs sont restés à l’écart de ce mouvement.
Appuyé sur un SIG, le projet entend intégrer l’approche de sources très différentes dans leur nature et leur objet, mais complémentaires et rarement étudiées ensemble : fouilles archéologiques proprement dites, notamment celles qui sont issues de l’archéologie préventive la plus récente, étude des différentes composantes des établissements ruraux de toute nature, carpologie, matériel osseux, cartes pédologiques, photographies aériennes, données LIDAR, de manière à promouvoir une approche multiscalaire de la région considérée, depuis les sites jusqu’aux territoires. Il s’agit, in fine, de comprendre les dynamiques spatiales et historiques du monde rural de cette époque ancienne. Le projet RurLand associe des chercheurs étrangers (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Suisse, Luxembourg) directement concernés par cette approche spatiale des territoires ruraux de l’Antiquité.
L’implication de l’UMR 8215 (F. Malrain…) dans ce projet se situe à plusieurs niveaux :
- transmettre l’expérience et l’expertise sur la manière de constituer une base de données nationale. Cette étape s’est traduite par une participation active à la création d’une BD englobant une fourchette chronologique large (du IIe s. av ; n.-e au 5e s. de n.-e.).
- participation à un workshop international dans lequel a été présenté une synthèse des résultats acquis par l’enquête sur l’habitat rural du second âge du Fer coordonné par F. Malrain en compagnie de G. Blancquaert et T. Lorho. Un article est paru dans l’ouvrage en ligne : Méthodes d’analyse des différents paysages ruraux dans le nord-est de la Gaule Romaine.
- contribution, sur une proposition de Stéphane Martin et en collaboration avec T. Lorho, à une étude portant sur la monétarisation des campagnes en Gaule. L’article de cette table ronde paraîtra prochainement dans la collection Scripta Antiqua publiée par Ausonius.
Actuellement, le travail porte sur une des zones ateliers définies dans le cadre de ce programme, celle de l’Oise, pour laquelle F. Malrain avec M. Demuylder et D. Maréchal étudient sur huit siècles l’évolution de l’occupation du sol dans la moyenne vallée de l’Oise et ses marges.
Pour en savoir plus : http://rurland.hypotheses.org/