Gadachrili gora : un site néolithique de la vallée de la Kura (Géorgie)

Les mécanismes à l’origine de l’émergence d’une économie agricole dans le Caucase sud ont fait l’objet de nombreux débats depuis les années 19670. Il s’est centré sur le rôle joué par les cultures proches-orientales dans le développement de la culture néolithique dite de « Shulaveri-Shomu », qui a émergé dans la vallée de la Kura au début du VIe millénaire avant notre ère.
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Dans le cadre du Laboratoire International associé GATES (dir. E. Messager EDYTEM et D. Lordkipanidze GNM), le laboratoire Trajectoires en collaboration avec Le Musée national de Géorgie ont repris les fouilles du site néolithique de Gadachrili gora (Kwemo-Kartli, Géorgie) en 2012 et 2013 (dir. Mindia Jalabadze (Georgian National Museum) & Caroline Hamon (CNRS, UMR 8215 Trajectoires). Les datations réalisées sur les deux niveaux conservés du tell placent ces occupations entre 5920 and 5720 Cal BC.
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Ces recherches apportent de nouveaux éléments de caractérisation des processus de néolithisation, en particulier en termes d’organisation des habitats et de techniques architecturales. Sur les 2 horizons d’occupation conservés, les fouilles ont mis en évidence de niveaux d’occupation associant des bâtiments circulaires de dimensions variées à des espaces ouverts de type « cour », utilisés comme espaces de circulation ou de dépotoirs. La densité et l’organisation de ces structures varient entre les deux niveaux d’occupation. L’horizon supérieur a permis de mettre en évidence une structuration de l’habitat autour d’un grand bâtiment circulaire central, tandis que les niveaux les plus profonds suggèrent des épisodes complexes de destruction/reconstruction de l’habitat. Une succession de niveaux de sols a également été mise au jour : niveaux de circulation construits et tassés en terre crue alternent avec des épisodes de rejet cendro-charbonneux importants.

Plusieurs techniques architecturales ont été identifiées pour la construction des différents bâtiments construits en terre crue (essentiellement briques de modules variés et bauge). Ils permettent d’établir des parallèles avec les techniques de construction utilisées à la même période dans le nord de l’Iran et en Mésopotamie, et ainsi de contribuer au débat sur les origines de la culture de Shulaveri-Shomu.

Par ailleurs, on observe une densité importante des structures de stockage, riches en vestiges botaniques et conservée jusqu’à 60 cm de profondeur. Localisées à proximité directe des bâtiments, elles s’organisent dans des espaces dédiés à cet effet, de façon individuelles entre des rangées de bâtiments circulaires interconnectés ou encore à l’intérieur des bâtiments. D’autres structures (foyers construits en terre crue ou en fosses, rejets de faune aux alentours des zones de stockage) complètent notre vision du fonctionnement de ces habitats. L’organisation des différents niveaux d’occupation du site de Gadachrili gora alimente ainsi la discussion sur le statut de ces sites, l’organisation des pratiques agricoles et la relation de leurs habitants à leur environnement (hydrologie, approvisionnement en matières premières, exploitation des ressources végétales et animales).

Bibliographie :
Hamon, C., Jalabadze, M., Agapishvili, T., Baudouin, E., Koridze, I., Messager, E. (in press). Gadachrili Gora: Architecture and organisation of a Neolithic settlement in the middle Kura Valley (6th millennium BC, Georgia). Quaternary International http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1040618215001056

Pour en savoir plus :
http://caucasus.hypotheses.org/179 & http://caucasus.hypotheses.org/198